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Une montagne à gravir : Les victimes de violence domestique surmontent leurs traumatismes

Sara Cincurova

30/10/2013

« Surpasser la violence domestique, c’est un peu comme gravir une montagne », nous a dit un jour l’une des victimes de violence domestique que nous soutenons au Women’s Resource Centre (WRC) à Wolverhampton au Royaume-Uni. Tous les jours, nous rencontrons, accompagnons et encourageons des dizaines de femmes extraordinaires qui ont réussi à dire non à la violence domestique. Leurs parcours n’ont généralement aucun point commun, si ce n’est cette force qu’elles ont trouvé de mener une vie différente. Une vie paisible.

 

The Haven Wolverhampton aide les victimes de violences domestiques

Le WRC a été fondé en 2011 dans le but de créer un espace sécurisé et confidentiel pour les femmes victimes de violences conjugales. Il s’agit d’un département de l’organisation The Haven Wolverhampton qui soutient depuis plus de 40 ans femmes et enfants souffrant de maltraitance domestique. La création du WRC se fonde un le constat essentiel : ce ne sont pas tant les appuis financier et juridique qui sont à l’origine du processus de résilience des individus que la résistance et l’épanouissement personnel. 

 

Le traumatisme déclenché par la violence domestique ne peut être surmonté que petit à petit : c’est dans la vie de tous les jours que les victimes de violence domestique peuvent retrouver leur force initiale : c’est en prenant des initiatives et en osant faire des choses qu’elles n’ont jamais osé faire avant. Parfois, c’est le simple fait de prendre des cours du soir, d’apprendre une langue étrangère ou d’organiser une soirée. Car c’est dans l’action qu’elles avancent, en (re)créant leur propre vie.

 

Toutes les semaines, nous voyons arriver des femmes vulnérables, fragilisées, découragées. Mais ce qui est incroyable, c’est qu’en quelques mois, nous assistons généralement à une véritable métamorphose. Leur confiance est reconstruite grâce aux rencontres et aux activités mises en place, tels que les ateliers d’écriture, l’entreprise sociale ou les groupes de travail visant à soutenir les femmes actuellement logées dans des centres d’accueil. Il y a ainsi cette possibilité de se rendre utile et de surpasser ses propres difficultés en aidant quelqu’un d’autre : la notion de se dépasser et d’employer ses ressources personnelles dans le but de soutenir les autres devient ainsi l’une des clés qui favorise le processus de reconstruction.    

 

Une illustration faite par une victime de violence domestique

Parmi les femmes que nous encadrons, il y a un nombre très important de filles extrêmement jeunes : souvent, en raison de leur jeune âge, les répercussions de la violence domestique ont un impact encore plus important sur leur condition et sur leur état d’esprit. Lorsqu’elles réussissent à trouver la bonne voie, c’est encore plus précieux. Il n’est pas rare que les jeunes femmes qui ont traversé cette expérience douloureuse en étant très jeunes retournent au WRC quelques années plus tard pour s’engager en tant que bénévoles : c’est ainsi qu’elles peuvent puiser dans l’expérience de leur traumatisme et devenir les tutrices de résilience pour quelqu’un d’autre. 
 
 
Les femmes encadrées par le WRC ont très souvent une forme de sensibilité particulière vis-à-vis de leur entourage. Ainsi, lorsque nous réussissons à trouver les mots justes et à renouer le dialogue, nous commençons un véritable travail d’encouragement et de reconstruction. Les femmes redeviennent elles-mêmes et commencent à rebâtir leur monde mental. Elles sont alors prêtes à surmonter toutes les difficultés.
 

Tous les jours, nous rencontrons des femmes remarquables et nous leur faisons redécouvrir leur propre beauté intérieure : nous ne faisons que valoriser leurs propres ressources. Des ressources dont elles ne sont pas toujours conscientes. Nous employons très souvent le terme anglais d’empowerment : il s’agit de remplacer le sentiment d’impuissance par un sentiment de confiance. Cela ne marche pas toujours du premier coup et c’est souvent une route longue et incertaine, mais lorsqu’on réussit, on voit des choses extraordinaires. Un peu comme quand on gravit une montagne. 

 

 

© Women’s WorldWide Web 2013

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Notre rédactrice en chef

Andrea Ashworth

Andrea est écrivain, journaliste et universitaire. Elle a étudié et enseigné à Oxford, Yale et Princeton. Andrea a écrit pour de nombreuses publications, comme Vogue, Granta, The Times, The TLS et The Guardian. Elle est l'auteur d'un bestseller international, "La petite fille de Manchester" (titre original : "Once in a house on fire") pour lequel elle a reçu un prix. Andrea cherche à sensibiliser l'opinion sur la violence conjugale et à promouvoir l'alphabétisation et l'éducation.

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